Le maire d'Angoulême, Xavier Bonnefont, s'adresse aux médias à l'hôtel de ville d'Angoulême, dans la Charente, le 20 novembre 2025 ( AFP / Christophe ARCHAMBAULT )
Les financeurs publics du festival international de la BD d'Angoulême ont appelé jeudi ses organisateurs à annuler l'édition 2026 prévue fin janvier, cible d'un boycott des auteurs qui a conduit les grands éditeurs à renoncer à leur participation.
Face à cette situation, "il nous apparaît plus que compliqué d'organiser le maintien de l'édition 2026", prévue du 29 janvier au 1er février, a estimé jeudi le maire d'Angoulême, Xavier Bonnefont, devant la presse.
"Sans eux et sans festivaliers, pas de festival et sans festival, pas de subvention publique", s'est résolu l'élu aux côtés de représentants des collectivités locales et de l'État, qui financent presque la moitié des quelque six millions d'euros du budget de cet événement vitrine de la bande-dessinée.
"Nous demandons donc à l'association du FIBD (propriétaire historique de l'événement) et à l'organisateur (la société 9eArt+) de tirer les conclusions que cette réalité impose", a-t-il déclaré, assurant "se mettre en ordre de marche" pour trouver "un nouvel opérateur" afin d'organiser l'édition 2027.
Contactée par l'AFP, 9eArt+, délégataire de l'organisation depuis 2007, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Dans un courrier adressé aux membres de l'association du FIBD et publié par le journal Charente Libre, sa présidente, Delphine Groux, a estimé qu'une annulation "serait une catastrophe", fustigeant un "casse organisé de longue date".
Sous le feu des critiques depuis sa dernière édition en début d'année, le festival d'Angoulême fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés dans le passé, à l'instar de la lauréate du Grand Prix 2025, Anouk Ricard.
- "Nouveau souffle" en 2027 -
Ces derniers, épaulés par plusieurs syndicats et collectifs, sont en conflit ouvert avec 9eArt+ qu'ils accusent d'opacité financière, de dérives mercantiles et d'avoir licencié, en 2024, une salariée qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival.
Ni la mise en retrait du patron de cette société, Franck Bondoux, ni celle de Delphine Groux, tous deux très décriés, ni la nouvelle gouvernance proposée lundi par les pouvoirs publics pour l'organisation future de l'événement, n'ont permis de calmer la fronde.
Ces derniers souhaitent confier à l'avenir les rênes du festival à une autre structure, l'ADBDA, associant financeurs, professionnels et fondateurs historiques, créée en 2017 après un précédent conflit avec l'association du FIBD et 9eArt+. Les financeurs publics avaient déjà réclamé à l'époque la dénonciation de son contrat, qui n'est intervenue finalement que cette année.
Le Syndicat national de l'édition (SNE), qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, a d'abord accueilli favorablement ce scénario, saluant des "avancées majeures". Mais face à l'hostilité persistante des auteurs et autrices, les grandes maisons ont jeté l'éponge mercredi.
Jeudi, le maire d'Angoulême a assuré que le changement de gouvernance à venir donnerait "un nouveau souffle" au festival. "Il doit perdurer", a renchéri Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, l'un des principaux financeurs avec la ville et l'agglomération d'Angoulême.
"Il faut que l'édition 2027 ait lieu", "dans les conditions attendues par l'ensemble de la profession", "qu'elle soit la fête du renouveau", a martelé M. Bonnefont.
- "Porte ouverte" -
Bien que le SNE ait renoncé à participer au prochain festival, le ministère de la Culture avait appelé mercredi à la tenue d'une édition 2026 - après que Rachida Dati eut annoncé la veille avoir réduit le montant de la subvention de l'État.
Le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, s'adresse aux médias à l'hôtel de ville d'Angoulême, dans le sud-ouest de la France, le 20 novembre 2025 ( AFP / Christophe ARCHAMBAULT )
Contacté jeudi par l'AFP après l'annonce faite à Angoulême, le ministère a maintenu sa position, sans autres précisions.
Les collectivités locales, de leur côté, ont ouvert la porte à une solution de remplacement, précisant que leur engagement financier dépendrait de son ampleur.
Pour Alain Rousset, "on ne va pas remonter toutes les tentes, les barnums, s'il n'y a personne dedans" mais des "discussions" doivent se poursuivre avec la profession pour "organiser quelque chose à Angoulême".
La "porte est ouverte" à d'autres pour proposer "une version mixte" de l'événement, "sans se focaliser sur les dates de janvier", a ajouté Xavier Bonnefont.

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